5. En Boucle
liste des chapitresLa pluie battait le sol à tout rompre, elle glissait davantage sur les fenêtres de la maison, ancienne bâtisse tout récemment rénovée. Chaque goutte qui frappait les vitres semblait résonner comme mille tambours de guerre prêts pour un nouvel assaut.
Dans sa chambre, piégée, elle luttait.
Quelque chose n'allait pas, elle le savait. Elle le sentait dans sa peau, dans chaque veine qui pulsait encore toutes les peurs qu'elle pouvait ressentir à ce moment précis.
Elle tremblait, perlait de tous ses pores, son cœur s'emballait encore et encore.
Elle s'agita de plus belle, essayant de fuir, mais que devait-elle fuir ? Les draps s'emmêlant autour d'elle, elle se débattait alors que ses cheveux se collaient à présent à son visage. Elle les chassa d'un geste aussi machinal que maladroit.
Soudain, elle ouvrit les yeux, battit lentement des paupières, aperçut le plafond de sa chambre et soupira de soulagement. Il faisait sombre et elle sentait l'air glacé sur sa peau humide. Ce cauchemar avait été éprouvant ; elle était en sueur et ses cheveux trempés lui collaient à la peau. Elle prit le temps de se rasséréner avant d'essayer de se redresser dans son lit double à baldaquin, puis elle décida de s’asseoir, laissant glisser les draps de soie rouge jusqu'à sa taille. Le tissu fluide et léger n’émit aucun bruit.
Rien n'avait changé et pourtant tout était différent. Balayant du regard la pièce plongée dans l'obscurité de la nuit, elle ne trouva rien d'anormal.
Elle sursauta lorsque la sonnette retentit au rez-de-chaussée et jeta un furtif coup d’œil au réveil ; 2h30 du matin ! Qui pouvait bien sonner par une heure si tardive ? Elle passa une main dans ses cheveux, les ramenant en arrière, dégageant son visage marqué par la surprise et décida de se lever.
Elle posa alors ses pieds sur le tapis beige molletonné au pied du lit et prit l'impulsion nécessaire pour de mettre debout, puis elle se dirigea vers la sortie de la pièce avec la démarche mal assurée d'un réveil brutal.
Dans le couloir, le silence qui régnait en maître n'avait rien d'apaisant. Elle se dirigea vers la seconde chambre pour vérifier que tout était en ordre et elle n'en fut pas déçue.
La sonnette retentit de nouveau cette fois avec plus d'insistance.
Le cœur au bord de la crise, elle hâta le pas et descendit les marches qui la séparaient encore de l'épaisse porte d'entrée blanche à la poignée dorée ; tout ce qu'il y avait de plus ordinaire.
Les larges fenêtres étaient habillées de lourds rideaux vert anglais et de leur voilage.
Encore mal réveillée, elle aperçut des lumières à l’extérieur qui éclairaient l'avant de la maison ainsi qu'une petite partie de l'intérieur, mais ce n'était pas les lumières de la ville, car bleues et rouges.
Elle ouvrit enfin la porte et découvrit un homme en uniforme bleu marine l'air désolé, puis elle regarda plus loin et vit les voitures de police.
Que se passait-il ?
Il ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Et son visage était si flou qu'elle ne voyait pas ses traits. Elle ne comprenait pas. Elle plissa les yeux comme pour mieux entendre, mais toujours rien.
Soudain la pièce vacilla.
L'officier lui tendit alors une main fermée et l'incita à lui tendre la sienne pour qu'il puisse y déposer l'objet qu'il détenait.